L’Ardèche le sec et le pinatou.

 

Tout au long de vos périples estivaux, vous n’avez pas manqué d’observer les talus de nos pittoresques routes ardéchoises qui forment de belles coupes de sols.
Et si vous avez oubli
é les quelques rudiments de pédologie chèrement acquis dans votre jeunesse, ce n’est pas grave, les sols ardéchois sont partis, il y a longtemps, du côté des Saintes Maries de la Mer.

 

 

 

Fernand LEBRAT dans une étude (La Cévenne Ardéchoise se meurt : Lienhart 1967) se lamente sur la disparition des paysans ardéchois avec des communes qui ont perdu entre les maximums et les minimums sur la période 1830- 1930 de 80 à 90% de leurs habitants.
Quel bonheur, l’Ard
èche a été sauvée par le gong de l’industrialisation et des migrations.
Imaginez que la pression d
émographique n’ait pu baisser de façon brutale et vous auriez vu nos pentes transformées en ravines comme l’a été le pourtour méditerranéen, passé du statut de jardin d’Eden à un tas de cailloux pour touristes, tel Ephèse, port splendide en mer Egée qui a connu 250 000 habitants, avant de devenir désert et ensablé à 10 km de la côte.
Voir image   

 

Tout cela pour dire que l’Ardèche, que certains guides définissent comme un pays sauvage parce qu’il y a des broussailles et quelques résidences secondaires, est en fait un pays  aux sols ruinés.

Nous sommes donc perplexes en regardant dans les pentes de nos Boutières les plantations de grandis et de douglas qui ont prospéré de façon insolente depuis les années 50 en affichant une croissance à la chinoise.

 


Si l’on en croit Jacamon (1979)
 :
SAPIN DE VANCOUVER : Espèce introduite. Aire naturelle dans le Nord-Ouest de l'Amérique du Nord, étendue le long de la côte du Pacifique, de la Colombie britannique et l'Ile de Vancouver (Canada) jusqu'au Nord de la Californie (U.S.A.) et pénètre à l'intérieur jusqu'à d'altitude. Cette aire se confond, pour l'essentiel, avec celle du Douglas. Elle est placée sous climat océanique régulièrement humide et assez doux, ce qui traduit l'écologie essentielle de l'espèce.
Donne ses meilleurs r
ésultats en France dans les plaines, collines et basses montagnes sous climat atlantique, même atténué (régions très diverses, Nord-est compris), et en sols frais et profonds ; il peut alors réaliser une croissance très rapide. Mais ces bonnes conditions conviennent aussi très bien au Douglas

 

Nos Boutières ressemblent à tout sauf à cela.

Et pourtant, nous avons quand m
ême vu de beaux arbres grandir dans nos forêts.
Vous avez dit bizarre
 ?
L’essentiel de ces arbres ont
été plantés dans les années 50 & 60, et de mémoire, jusqu’aux années 80, nous avons eu de vrais hivers. Quant aux étés, il sera intéressant de relever finement ce qu’ils furent ces soixante dernières années pendant la période stratégique d’Avril à Septembre afin de savoir si des étés un peu pourris n’ont pas été une chance pour la forêt.
Le petit orage qui ruine votre soir
ée barbecue est peut-être pour nos forêts le bienvenu pour attendre l’automne et ses épisodes Cévenols, alors que s les longues périodes sèches que l’on voit actuellement pourraient bien avoir un effet délétère.

Les éléments poussent dans le même sens et se renforcent.

Sols pauvres voir quasi inexistants.


Substrat granitique avec porosit
é de fracture, c.a.d.: stockage réduit et grand pouvoir drainant donc sensible aux longues périodes sèches.

Pollution qui accentue la sensibilit
é à la sécheresse.

Si le temps de ces dix (vingt ?) dernières années est un avant goût du réchauffement climatique, il y a du souci à se faire.

On voit que les précipitations annuelles peuvent augmenter tandis que les précipitations estivales baissent et l'ETP augmente (Le Puy).

Ceci avec des accidents s
évères tels 2003 – 2005 – 2009 où l’on pourrait bien passer le seuil de la douleur pour l’écosystème.

Si l’on ajoute à cela la pollution atmosphérique, notamment l’acidification et l’eutrophisation des sols, on imagine que la flore et la pédofaune ne sont pas à la fête.
Et l’on conna
ît depuis Waksman, Boullard et bien d’autres l’importance de la vie du sol.

Cette agression de la biomasse active du sol conduit
à son affaiblissement et à une perte de son pouvoir de stockage en eau.

Suivant Vennetier (Cemagref), apr
ès un aléa sévère (feu ++) la pédofaune met une dizaine d’année pour se reconstituer et prés de 40 ans pour bien fonctionner.
Les pins de la St Beaume ne se sont pas remis de l’
épisode 2003 – 2005 et ça repart en 2009. Voir schéma

Nicolas / Dambrine / Ulrich (RDV Techniques Beaune 2007) montrent que les sols pauvres et acides (c’est un peu le cas chez nous) ne se sont pas remis en 2005 de la pollution à SO2 des trente glorieuses.
Le PH des sols continue de baisser. (Il faut dire que les NOx ont pris en partie la rel
ève)


Pour faire court (enfin) quand un probl
ème existe, c’est pour longtemps.


Les arbres qui sont un peu plus costauds que vos salades font semblant de ne rien voir (dans un premier temps).

Nous retrouvons là le grand principe de l'hystérésis sans bien savoir comment la courbe va se fermer.
Dans un second temps, nous aurons tout loisir d’observer leur devenir ainsi que celui des douglas
  joyeusement replantés de toutes parts.

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