Le mouton et l'ONG

Cherchez une île paradisiaque dans les Caraïbes ou ailleurs, une île déserte et luxuriante et trouvez un énarque qui vous expliquera qu’il serait bon d’y mettre quelques chèvres et quelques moutons pour soutenir la croissance du PIB. Principe de précaution aidant, il vous financera une assos appelée ONG pour veiller au grain, vacciner et soigner tout ce beau monde.
Voila donc notre troupeau aux anges dans un pays merveilleux, tout à faire la fête, croitre et se multiplier.
Pas de problème nous dit l’agronome, nous sommes loin de la charge optimale à l’hectare.

Que la fête continue.
Et notre troupe bichonnée, vitaminée, complémentée, finit par atteindre le taux de charge à l’hectare.
Tout va encore très bien et notre énarque fait augmenter les vitamines pour tenir son taux de croissance.
Nous voilà à la limite de la charge.
Il apparait un début d’érosion et beaucoup de petits moutons sont attendu pour le printemps.
En termes plus techniques, nous voilà dans un phénomène d’hystérésis, la charge continue de croitre alors que la ressource du fait de l’érosion diminue suivant une pente nécessairement de plus en plus glissante.
Il n’y a toujours que des végétariens dans notre ONG qui met tout en œuvre pour sauver des vies jusqu’au jour ou ce beau pays ressemble à l’Île de Pâques.

Mutatis mutandis, allez à Haïti, au Rwanda ou sur les îles Grecques, et vous y retrouverez des facettes de notre histoire.

Restez bien chez vous, vous savez que vous êtes sur un radeau dans l’univers.
Remplacez nos troupeaux par l’homme de Cro-Magnon, notre ONG par la science et le progrès, ajoutez-y une bonne dose de pathos et de compassion et vous aurez tous les éléments d’une mécanique infernale.

Des peuplades primitives ont traversées les millénaires sans évoluer.
Certes, ces civilisations n’étaient pas toujours aussi tendres que peuvent le laisser penser les colliers de fleurs autour du cou.
Mais une fixation sur un point d’équilibre est un facteur de pérennité.
Aujourd’hui, tout le monde a rejoint l’homo-économicus qui bénéficie de l’incroyable développement des sciences et des techniques.

Hypnotisant l’humanité, la science et la technique qui sont censés sauver le monde progressent de façon exponentielle vers un avenir faustien et contiennent intrinsèquement les germes de leur de leur explosion par emballement.

Qui peut croire que Malthus était végétarien !