
Trilok Gurtu
Homme de fusion, Trilok Gurtu n'est pas un musicien qui se laisse classer facilement. Né à Bombay, au sein d'une famille de musiciens, ce percussionniste multiplie les collaborations atypiques. La liste en est longue : le grand trompettiste de jazz Don Cherry, le groupe Oregon (jazzmen mythiques), le célèbre Mahavishnu orchestra et son non moins célèbre leader John McLaughlin, les pianistes classiques Katia et Maria Labeque, Joe Zawinul (l'un des fondateurs de Weather Report)... et pour son album " African Fantasy ", Trilok Gurtu n'hésite pas à faire appel aux chanteuses Oumou Sangaré et Angélique Kidjo, ou encore au joueur de didgeridoo Richard Walley.
La carrière de ce musicien exceptionnel a commencé sous les meilleurs auspices. Son grand-père était un joueur de sitar renommé et un musicologue distingué. Sa mère, Shobha Gurtu, une chanteuse légendaire.
Le jeune Trilok a commencé à pratiquer sérieusement les tablas à l'âge de 6 ans. Mais il suivait les cours dans une école catholique et là "les tablas étaient méprisés. En revanche, tous les garçons catholiques jouaient de la batterie car ça, c'était un instrument pour eux", raconte Trilok avec un demi-sourire. Résultat, le jeune indien se met lui aussi derrière une caisse claire. " Personne ne m'a jamais montré comment en jouer, se souvient-il. Personne ne m'a jamais encouragé. Je me suis même cassé le pouce parce que je ne savais pas tenir correctement les baguettes ! ". Ironie du sort quand on sait que " Downbeat ", l'un des plus fameux magazines de jazz, l'a couronné "meilleur batteur de Jazz" 3 années consécutives. Durant ses années de formation musicale en Inde, Trilok Gurtu fait feu de tout bois pour pratiquer son art. II joue dès qu'il en a l'occasion, participant aux bandes sons de nombreux films indiens qu'il préfère oublier aujourd'hui. Il devient même un joueur de ping pong acharné ("cela m'a aidé à développer un jeu de jambes nécessaire pour la batterie"). A force de ténacité, il parvient à être retenu pour participer à une tournée aux Etats-Unis avec une troupe de musiciens indiens.
A partir de là , tout s'enchaîne. Stakhanoviste des tablas, il s'établit en Occident et travaille comme un fou. Aujourd'hui, il vit à Hambourg, presque par hasard. Exilé un peu malgré lui, un peu sans s'en être vraiment rendu compte, il est un jour ici, un jour ailleurs. Du jazz aux musiques traditionnelles, de l'Europe à l'Asie, il ballade ses percus tel un éternel passager. Et ce n'est pas un hasard si l'un de ses albums phares s'intitule "glimpse", c'est-à -dire "lueur passagère". Car avec son regard lourd d'homme qui sait le sens du mot voyage, il aime à dire : " je ne suis pas un musicien de jazz, je ne suis qu'un musicien. Vient un moment où une lueur s'échappe d'un trou cosmique. Alors, peu importe d'où tu viens et comment on te nomme ".
performed with: Joe Zawinul .....and many more |